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lundi 16 juin 2014

« Mozilla under fire » : leçons de la tourmente et défis à relever

Sommaire :
Les 9 jours du règne du directeur général déchu, Brendan Eich
Outre le JavaScript, les 3 fois où Brendan Eich a changé le Web
16 ans d’histoire et de combat pour Mozilla
10 défis pour le prochain directeur général

CNET, sous la plume de Stephen Shankland et Seth Rosenblatt, publie une série de quatre articles consacrée à Mozilla. Ils reviennent sur le passé avec notamment le récit des 10 jours de la promotion de Brendan Eich à la présidence de MoCo, la filiale dédiée au développement de logiciels, soumise à l’impôt et détenue à 100 % par la fondation Mozilla – ces journées qui ont placé Mozilla sous le feu des critiques de toutes parts. Les journalistes interrogent aussi sur la façon dont Mozilla et son leadership répondront aux défis auxquels ils doivent faire face.

Si nombre de Mozilliens souhaitent ne plus entendre parler de cette affaire et plutôt faire face à l’avenir, il n’est pas inutile de passer en revue les responsabilités et de tirer les conséquences du comportement de chacun durant la tempête. Ce sera réellement utile pour relever les défis immenses qui attendent Mozilla, les Mozilliens et le futur boss de MoCo, une fois choisi en tenant compte des erreurs faites lors de la recherche du précédent.

Les 9 jours du règne du directeur général déchu, Brendan Eich

Grâce à des sources anonymes internes et publiques, Stephen Shankland nous entraîne à l’intérieur du règne de 9 jours du directeur général déchu, Brendan Eich.

N. B. : Le terme américain est CEO et sa traduction française la plus proche est directeur général (abrégé en DG) mais c’est une approximation puisque l’organisation du monde du travail et donc des entreprises aux États-Unis est très différente des structures des pays francophones (note sous un article de MozFr).

L’article de CNET met l’accent sur les dissensions internes :

Des initiés décrivent un expert en technologie avec des problèmes de management – et conseil d’administration réticent. (…) Les explications de ceux ayant des connaissances internes révèlent que les braises étaient déjà fumantes. Le conseil d’administration de Mozilla a eu du mal à trouver un nouveau DG, se mettant d’accord sur Eich avec hésitation et sans le soutenir avec force. La question du mariage gay a juste pu accélérer une querelle qui aurait eu lieu de toute façon.

Cependant, le choc sera-t-il salutaire ?

« Perdre Brendan va secouer l’organisation », a déclaré un ancien employé de Mozilla. « Peut-être a-t-elle besoin d’être secouée, mais c’est un géant de l’industrie – un parmi une petite poignée. S’il ne revient pas dans la partie, alors le mouvement du Web ouvert sera vraiment perdant. » (…)

Pourtant, il peut se passer un certain temps avant que la communauté Mozilla récupère. L’épisode est devenu une pierre de touche pour savoir si le politiquement correct signifie maintenant que les PDG des entreprises de la Silicon Valley sont moins libres que les autres Américains pour faire valoir le droit à la liberté d’expression qu’ils tirent du Premier Amendement. « Dans l’ancien temps c’était : “Pouvez-vous générer un profit pour les actionnaires ?” », disait Scott McNealy, qui, pendant plus de deux décennies comme PDG de Sun Microsystems, a embrassé des opinions politiques conservatrices en matière fiscale et des vues fortement libertaires. « Maintenant nous avons : “Que pensez-vous du contrôle des armes, de l’immigration, du mariage gay, de l’avortement et de la taille du gouvernement ?” »

Illustrant à quel point la polémique de Mozilla est devenue toxique : peu de personnalités haut placées de la scène technologique de la région de la baie de San Francisco étaient disposées à commenter publiquement la situation critique de Mozilla. Prendre une position publique sur Eich signifie se peindre une cible sur soi-même, a déclaré un dirigeant d’une société technologique. « L’intolérance tend à engendrer l’intolérance. Il n’y a pas de gagnants ici. »

Toujours étant que l’histoire de Brendan se fondait avec celle de Mozilla et du Web.

« Brendan est clairement et a toujours été la personnalité derrière Mozilla », a déclaré un programmeur qui travaille dans l’industrie du navigateur depuis des années. « Il a toujours été l’autorité suprême de Mozilla. Des choix stratégiques depuis 10 à 14 ans, tous ont été faits par Brendan. »

Brendan a pendant tout ce temps dit – et à des nombreuses reprises – ce qu’il pensait sur le plan technique. Ce n’est pas cela qu’on lui reprochera. Pour certains, il manque de sens du contact et de leadership. Son caractère est de ne jamais faire de ronds de jambes ni de passer de la pommade quand ça aiderait.

[L’ancien DG de MoCo, John] Lilly a été troublé par l’incapacité d’Eich à diriger et à sympathiser avec les autres, ont déclaré des sources au sein de Mozilla. Lui et Eich s’étaient accrochés auparavant – par exemple quand Eich a carrément dit qu’un ingénieur que Lilly favorisait était inefficace. Quelqu’un à l’intérieur de Mozilla a déclaré que ces deux-là étaient comme « l’huile et l’eau ».

Les manœuvres internes n’ont pas permis de prévoir la catastrophe :

Des inquiétudes au sujet des aptitudes au leadership d’Eich ont conduit le conseil à examiner une nouvelle option, selon des sources : Eich servirait co-DG de Mozilla aux côtés de la présidente exécutive, Baker. Mais cette idée est tombée à l’eau en mars lorsque des cadres de Mozilla qui travaillaient avec Eich ont éreinté l’approche et rédigé une lettre demandant qu’il soit seul DG. Baker n’avait pas été enthousiaste à cette idée de toute façon, une source a déclaré.

Jamais la question de sa prise de position publique contre le mariage gay ne lui a été posée et la nature même de Mozilla, partagé entre sa mission d’organisation à but non lucratif et la compétitivité dans l’industrie du logiciel grand public, a compliqué la recherche d’un dirigeant, selon Mitchell Baker.

Le lundi 24 mars, Eich a été nommé quatrième DG dans l’histoire de Mozilla. La même semaine, trois membres du conseil d’administration de Mozilla ont démissionné : Lilly, Kovacs et Ellen Siminoff, PDG de Shmoop, une startup d’enseignement en ligne. Lilly a démissionné au cours de la nomination d’Eich, tweetant : « j’ai voté avec les pieds ». Mais Siminoff avait prévu de s’en aller bien avant qu’Eich ait même été candidat. Kovacs n’était plus le bienvenu et sur le point de quitter ses fonctions, ont déclaré les sources. Kovacs, en plus de l’embauche d’Anderson [directeur du business et des affaires juridiques de Mozilla] sans avertissement, avait « une relation extrêmement pauvre » avec la communauté des contributeurs de Mozilla, a dit une source. (…)

En tout état de cause, cela signifiait que le conseil de Mozilla était réduit à Baker, Reid Hoffman, cofondateur de LinkedIn et Katharina Borchert, la PDG de Spiegel Online qui avait rejoint le conseil au moment où Eich avait été nommé DG.

Non-événement en 2012, la prise de position de Brendan Eich sur le mariage gay a amené certains à demander sa démission.

Et de faire tâche d’huile. Lors d’une réunion le mardi 25 mars, au siège de Mozilla à Mountain View en Californie, Eich a rappelé au personnel qu’il avait été l’une des personnes qui avaient contribué à créer la politique de participation communautaire de Mozilla.

Ce texte contient une longue liste non exhaustive de groupes bienvenus à contribuer à Mozilla. Cependant…

Il n’a pas fallu longtemps pour que la possibilité d’annuler la nomination d’Eich au poste de DG arrive. Un membre du conseil de Mozilla a soulevé l’idée de la démission d’Eich le 26 mars, trois jours après sa nomination, Eich a déclaré plus tard sur Twitter.

Les billets de blogs sur l’ouverture chez Mozilla d’Eich, de Baker et de Mozilla n’ont pas aidé. L’opposition d’une poignée d’employés de Mozilla a suivi – plus souvent de la plus large fondation Mozilla que de la plus serrée Mozilla Corp. au cœur des opérations.

Les appels à la démission se répandaient et Brendan Eich est resté droit dans ses bottes.

Le 1er avril, Eich a rompu plusieurs jours de silence dans une interview à CNET News sur la controverse du mariage gay. Il a présenté ses excuses pour avoir fait souffrir avec son don pour la Prop. 8 mais n’a pas dit ce qu’il ferait s’il avait eu la chance de refaire le même choix. Il a argumenté contre l’obligation pour les dirigeants de passer un « examen de passage » politique. Et, il a dit que les critiques ne peuvent pas tout avoir : le principe de Mozilla d’ouverture protège également ses propres croyances et celles des Singapouriens impliqués dans Mozilla qui s’opposent au mariage gay.

Brendan Eich aurait pu être accommodant.

C’est ce que la PDG de Hewlett-Packard, Meg Whitman, a fait quand elle avait été confrontée au même problème. Elle avait dit en 2013 : « je suis venue à adhérer au mariage entre personnes du même sexe après une période d’examen attentif et de réflexion. »

Brendan s’est refusé à changer son fusil d’épaule même de façon hypocrite. La prise de position en faveur des droits des LGBT est venue de Mitchell Baker qui n’a pas apporté de soutien public à Brendan Eich.

Dans les coulisses, les relations entre Eich et le conseil de Mozilla s’étaient détériorées. Dans un billet de blog, Baker a déclaré que Mozilla soutenait l’égalité du mariage et Mozilla a insisté sur son engagement « pour l’ouverture et l’égalité de tous », mais ni l’un ni l’autre n’a spécifiquement défendu les capacités d’Eich. Lors d’une réunion le 31 mars avec les cadres de Mozilla, Baker a parlé de changement social et combien il était important pour les PDG de la Silicon Valley d’avoir l’air de bien faire. Le membre du conseil Hoffman avait plus tôt soutenu Eich en tant que DG, des sources ont dit, mais évidemment ce soutien a diminué à mesure que la semaine avançait.

Mais la messe était dite et Brendan a jeté l’éponge.

Le 1er avril, le même jour que l’interview avec CNET News, Eich a appelé Baker pour dire qu’il démissionnait de son poste de DG et quittait Mozilla. C’était un grand moment pour l’organisation, bien que ça n’avait pas été annoncé publiquement avant le 3 avril.

Jusqu’à sa démission, Mitchell Baker et le conseil n’ont pas cessé de rechercher une solution et, après, ont essayé de le garder à un autre poste au sein de Mozilla. Il a préféré tout quitter.

Loin d’éteindre la controverse, son départ a alimenté les attaques des conservateurs qui ont saisi l’occasion de faire de Brendan Eich une victime de l’intolérance des libéraux.

Toujours étant que pour Mozilla, le départ de Brendan Eich (lire son billet de départ (court testament politique pour Mozilla) est une grosse perte et risque d’être un manque énorme pour affronter les défis technologiques et pour l’influence sur les standards et normes techniques à établir dorénavant.

Il laisse de grands habits à porter chez Mozilla. Sa compréhension technique détaillée englobe tout, de la programmation bas niveau aux machinations sociopolitiques des organismes de normalisation. « Il appartient au Panthéon du Web. Vous pouvez probablement nommer seulement 10 ou 12 personnes comme lui », a déclaré un dirigeant de l’industrie technologique. Un autre a ajouté : « Il est un incroyable directeur de la technologie (CTO) qui peut penser grand et petit. »

Eich passa de responsabilités quotidiennes de codage à un poste de haut niveau qui comprenait porter le message de Mozilla au monde extérieur, piloter des projets en interne et encadrer des programmeurs, a ajouté Andreas Gal, le nouveau CTO de Mozilla, qu’Eich avait arraché d’un programme postdoctoral pour remanier les performances JavaScript de Firefox. « Brendan est la personne qui nous aide à identifier les bonnes idées, à travailler sur elles et à attirer les personnes de talent », a déclaré Gal. « Brendan est la partie visible de l’iceberg. Il est occupé à canaliser cette organisation tout entière. »

En dehors de l’entreprise, Eich apportait de la passion au travail de Mozilla. Il a défendu le JavaScript contre Dart de Google et a médiatisé la technologie de Mozilla appelée asm.js qui permet au JavaScript de repousser l’autre idée de programmation Web de Google, Native Client. Il a aidé à mener « Harmonny », un projet qui a fait passer le JavaScript dans le futur.

Il a aussi aidé Mozilla à se lancer dans le mobile avec Firefox OS, son système d’exploitation mobile. Il manquera à Mozilla pour faire triompher l’ouverture sur les écosystèmes mobiles fermés.

Mozilla a perdu un atout d’une énorme importance, disent ses partisans, et cela signifie que le Web a perdu, aussi.

Pourtant, avec Chris Beard au poste (par intérim) quitté par Brendan Eich, Mozilla va devoir se réunir pour affronter les défis qui l’attendent.

Les épreuves et vicissitudes autour d’Eich donnent à Mozilla une nouvelle occasion de s’expliquer entre soi. L’organisation peut prendre à cœur les paroles du directeur exécutif de la fondation Mozilla, Surman : « ne jamais faire l’économie d’une bonne crise. »

Outre le JavaScript, les 3 fois où Brendan Eich a changé le Web

Seth Rosenblatt, toujours dans la série « Mozilla under fire », revient sur les réalisations marquantes de Brendan Eich chez Mozilla et dans les instances de standardisation qui ont été bien au-delà du JavaScript qu’il avait créé chez Netscape en 1995.

Le cofondateur de Mozilla et ancien DG, Brendan Eich, a été le centre du développement d’Internet pendant près de 20 ans.

Lisez le début de l’article si vous ne savez pas ce que le JavaScript a amené au Web statique. Brendan Eich ne s’est cependant pas reposé sur ses lauriers.

Depuis [1995], Eich a été un membre actif et prolifique du développement Web et des organismes de normalisation du Web. Il conseille des entreprises comme OTOY, Box et Palantir Technologies. Sans compter que JavaScript, Eich a fait d’importantes contributions à ces outils que vous utilisez probablement chaque fois que vous lancez votre navigateur Web.

  1. Harmony, la sixième version du JavaScript, standardisé sous la houlette de l’ECMA. Avec certaines fonctionnalités déjà à l’œuvre dans Firefox et Chrome, elle permettra au Web de concurrencer les langages de programmation derrière les applications natives des systèmes d’exploitation pour ordinateurs et pour mobiles.
  2. Eich a été à la fois à la manœuvre afin d’accélérer Firefox pour rattraper Chrome mais aussi pour accélérer le Web lui-même. Ce dernier objectif est atteint grâce à asm.js, un sous-ensemble du JavaScript qui le fait s’exécuter plus vite. Couplé à Emscripten, le compilateur d’autres langages de programmation en JavaScript, asm.js a permis à Eich d’accélérer le Web sans avoir à dépendre d’importants changements du navigateur. Des optimisations asm.js sont déjà supportées par Chrome et Firefox et des développeurs de jeux vidéo comme Unity (voir blog de Mozilla) et Epic utilisent asm.js pour porter leurs moteurs de jeux vers le Web sans plugins (voir en français un communiqué du 19 mars).
  3. Firefox OS et ses API qui exposent les fonctions du téléphone au système d’exploitation, au moteur d’affichage Gecko de Mozilla et aux applications Web (HTML5, CSS et JS) qui tournent dessus. WebRTC en fait partie. Il apporte des API de streaming audio et vidéo et de transfert de données sans plugins pour de la visioconférence dans le navigateur (et plus).

Brendan Eich on JavaScript Taking Both the High and Low Roads – O’Reilly Fluent 2014
sur YouTube (30 min)

16 ans d’histoire et de combat pour Mozilla

Stephen Shankland pousuit la série en résumant l’histoire de Mozilla par le combats pour Firefox : Il n’y a rien de tel que Mozilla dans le monde de la technologie. Au cours d’une histoire de 16 ans, il a conjugué une éthique philosophique du « faire le bien » avec une compétitivité à la Silicon Valley. Voici son histoire.

Chacun connait l’histoire du projet Mozilla né de la libération du code de Netscape en perte de vitesse face à Internet Explorer intégré sans supplément de prix à Windows 95.

Ce pionnier des projets open source a survécu au rachat de Netscape par AOL et à son manque de soutien. À la veille de la liquidation de Netscape et des ses développeurs par AOL mi-2003, IE a 90 % de parts de marché et Apple lance un projet de navigateur concurrent basé sur un autre moteur de rendu open source, KHTML. De WebKit d’Apple, Google lancera un jour son propre navigateur, Chrome. Pour l’instant, en juillet 2003, d’anciens Netscapers comme Brendan Eich et Mitchell Baker créent une petite structure, la Mozilla Foundation, pour piloter un projet où les difficultés s’accumulent jusqu’à l’explosion de Firefox pour qui il avait été décidé de déshabiller la suite Mozilla encombrée de fonctionnalités non Web.

Le navigateur, d’abord appelé Phoenix, était né des cendres de Netscape en 2002 et est devenu Firefox 1.0 en 2004. Il était svelte, rapide et a conquis immédiatement les techos, avec des fonctionnalités comme la navigation par onglets et les extensions qui offraient des possibilités de personnalisation. Une boîte de recherche menant à Google apportait des revenus publicitaires que Google partageait avec Mozilla, qui, en 2005, a lancé une société à but lucratif au sein de la fondation à but non lucratif.

Aidé, il faut le dire, par les failles de sécurité d’un IE stagnant dont Microsoft avait dispersé la plupart des développeurs, Firefox atteint environ un quart de taux d’utilisation en 2009.

Firefox a contribué à ouvrir la voie à une nouvelle explosion de créativité Web après des années où la plupart des sites ne tenaient compte que d’IE étant donné que Microsoft contrôlait la plus grande part du marché des navigateurs.

Même si Firefox n’a jamais vaincu IE en parts de marché, ses principes l’ont emporté : Microsoft a investi une nouvelle énergie dans de développement du navigateur et a embrassé une flopée de standards du Web modernes. Safari d’Apple a aidé à apporter des navigateurs modernes aux smartphones. Et le navigateur Chrome de Google est devenu un allié majeur dans le renouvellement des technologies Web.

« Mozilla a été vraiment crucial », a déclaré un initié de l’industrie. « Il a réinventé la navigation sur le Web. »

Le paysage est aujourd’hui radicalement différent qu’en 2004. Google revendiquait en 2013 750 millions d’utilisateurs de Chrome (contre 400-450 pour Mozilla). Les concurrents – des géants – de Firefox et de Firefox OS intègrent leurs produits et services enfermant leurs utilisateurs dans leurs écosystèmes extrêmement contrôlés. Les clients s’y enferment en nombre : en 2013, ils ont acheté plus d’un milliard de smartphones… la plupart propulsés par Android et iOS des mêmes Google et Apple.

Pour Mozilla et Firefox, Internet Explorer a peut-être été la victoire la plus facile.

10 défis pour le prochain directeur général

Stephen Shankland a identifié 10 questions pour le prochain DG. Le successeur permanent de Brendan Eich, qui bien sûr n’aura pas les pleins pouvoirs, devra prendre position sur des choix technologiques brûlants et participer à la réforme de l’organisation. Ses décisions participeront à regagner la confiance des utilisateurs et des développeurs absolument nécessaire à la diffusion de son navigateur, Firefox, et de son système d’exploitation mobile, Firefox OS.

Avant tout, le prochain boss de Mozilla sera chargé de convaincre la communauté technologique que la mission de Mozilla – assurer l’ouverture sur le Web, protéger la vie privée et donner aux gens la maîtrise de leurs propres données en ligne – vaut toujours la peine qu’on se batte pour elle. (…)

Maintenant Mozilla a un nouvel objectif : facilité le changement depuis Android de Google, iOS d’Apple et tout autre système d’exploitation mobile, sans avoir à se soucier de perdre ses fichiers, des vidéos, des photos, contacts, applications et toutes les autres données quand on passe d’un environnement ou d’un écosystème de technologies imbriquées à l’autre.

Voici 10 des défis stratégiques auxquels le prochain DG de MoCo devra faire face :

  1. Comment obtiendrez-vous que les gens se soucient vraiment de la mission de Mozilla ? Une suggestion : Mozilla peut faire comprendre de manière réaliste aux gens qu’ils perdent avec les écosystèmes fermés qu’Apple construit autour de son système d’exploitation mobile iOS et que Google construit autour d’Android. Vous voulez regarder ce film que vous avez acheté sur iTunes si vous passez à Android ? Vous voulez jouer à ce jeu que vous avez acheté sur Google Play si vous passez à iOS ? Mozilla peut montrer aux gens que la seule option est de repayer pour cela.
  2. La débâcle de Brendan Eich comme DG signifie-t-elle qu’il est temps de mettre en sourdine la rhétorique militante de Mozilla ? Est-il temps de passer des principes au pragmatisme ?
  3. Est-il temps de serrer les dents et de sortir une version iOS de Firefox ? Puisque Apple interdit les moteurs de navigateurs concurrents, Mozilla doit-il prendre pied sur le marché populaire couvert par Apple avec un navigateur basé sur WebKit (comme le font Google et Opera) surtout depuis qu’Apple a décidé de lever une des limites de performances pour les navigateurs tiers sur iOS 8 ?
  4. Comment Mozilla doit-il affronter Chrome de Google ? Chrome est une cible beaucoup plus ardue qu’IE.
  5. Comment amènerez-vous Firefox OS dans les pays riches ?
  6. Que se passera-t-il si le marché bas de gamme de Firefox OS affaiblit son influence ? iOS est plus utilisé plus qu’Android malgré moins de ventes. Firefox OS risque d’être utilisé comme un feature-phone (modèles de base limités aux applications internes) avec moins d’activité attirant moins de développeurs.
  7. Êtes-vous inquiet que Google soit votre papa gâteau ? Mozilla peut-il dépendre d’une de ses plus grosses cibles ? En outre, Mozilla peut-il continuer à envoyer directement ses utilisateurs aux programmes publicitaires de Google qu’il condamne ?
  8. Que ferez-vous si Dart devient populaire ? Que se passera-t-il si les développeurs trouvent plus facile d’écrire du code complexe avec Dart qu’avec un JavaScript moins rapide dont le support serait ajouté directement dans Chrome ?
  9. Devez-vous vous efforcer de ressusciter l’effort en faveur du Do Not Track ? Il serait question de se prononcer publiquement pour une sorte de « liste orange » anti-marketing direct pour regagner sa réputation dans les cercles de techos en arrivant à susciter l’enthousiasme de l’industrie et des utilisateurs pour le Do Not Track.
  10. Pouvez-vous lutter contre les écosystèmes d’Apple, de Google et de Microsoft sans pour autant devenir vous-même un écosystème ? … et risquer de devenir comme les firmes qui enferment que vous cherchez à déstabiliser.

3 commentaires

  1. Hervé dit :

    Firefox a contribué à ouvrir la voie à une nouvelle explosion de créativité Web après des années où la plupart des sites ne tenaient compte que d’IE étant donné que Microsoft contrôlait la plus grande part du marché des navigateurs.

    Le Web a vraiment eu chaud, quand on y repense… Et de même que Mozilla a empêché qu’il ne devienne le Microsoft Network, il peut encore empêcher qu’il ne devienne le Google Network. Rien que pour ça, il faut continuer à promouvoir Firefox.

    1. Mozinet dit :

      Mais non chacun a le choix… avec l’Apple Land !

  2. Mozinet dit :

    Pour l’histoire de Mozilla de Netscape à Firefox OS sur des smartphones à 25 $, écoutez l’interview audio de Tristan Nitot (Mozilla) en français.

Les commentaires sont fermés.

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