Pascal Chevrel, employé Mozilla et contributeur de longue date, a lancé il y a un mois son projet « Reboot Nightly ». Aujourd’hui, dans une interview pour MozFr, il revient sur son parcours de bénévole de la « old guard » devenu employé de Mozilla.
Ensuite, il explique ce qu’est Nightly et pourquoi faut-il relancer Firefox Nightly. Il y indique aussi comment participer au mieux.
Vous l’avez forcément remarqué, les jeunes sont tous accros à Android ou à l’iPhone et ne connaissent que Chrome ou Safari pré-installé sur leur smartphone. Ils n’ont pas la place ni ne voient l’intérêt d’installer un autre logiciel. Cette génération ne découvrira le PC que dans le monde du travail et, bien entendu, elle cliquera sur l’icône ronde à 4 couleurs qu’elle reconnaîtra. Si cette tendance se confirme, dans quelques années Firefox aura disparu dans les oubliettes de l’histoire.
Que pouvons-nous faire ? En tant que simples fans de Firefox, nous pouvons parler à qui veut l’entendre de son indépendance, de son respect de la vie privée, du manifeste de Mozilla (à des collégiens ? bon courage…), ou simplement de ne pas mettre tous ses œufs dans le même « Google Panier » ou iPanier, simple règle de bon sens.
Pour les fans de Firefox et de Mozilla, dont nous sommes de vieux spécimens, le constat est amer. Nous ne pouvons qu’espérer que les générations futures découvrirons un jour qu’il existe un autre logiciel qui « fait comme Chrome » mais juste un peu plus libre.
Mise à jour 28 juin : si cet article vous a intéressé, vous devriez lire le suivant.
Nous suivons depuis longtemps BlueGriffon, l’éditeur de pages web basé sur les technologies Mozilla, qui vient de sortir en version 2.0, et son auteur Daniel Glazman, Mozillien de très longue date et depuis des années au cœur de la standardisation des langages de programmation web. Pour cela, sa vision acide de Mozilla et de sa gouvernance est particulièrement précieuse.
Bonjour Daniel ! Pour nos lecteurs qui n’ont pas suivi l’histoire de Mozilla depuis 1998, peux-tu te présenter ?
Bonjour ! Et bien je suis un babasseur¹ tombé dedans dans l’enfance et qui a finalement réussi à suivre sa vocation. Je baigne dans le Web depuis sa prime jeunesse puisque je bossais déjà sur un éditeur WYSIWYG² SGML³ en 1991… J’ai fini par rejoindre Netscape en 2000 et suis donc un Mozillien, spécialisé dans l’éditeur et les CSS⁴, depuis bientôt seize ans. Je suis membre du W3C depuis plus de vingt ans, ce qui fait de moi là-bas un des dinosaures, et j’ai été Co-chairman du CSS Working Group de 2008 à fin 2015.
La route a été plus longue que prévu, mais voici enfin Grammalecte pour Firefox. Pour l’instant, attendu que Mozilla n’a toujours pas implémenté l’interface de programmation qui permettra de souligner en bleu les erreurs directement dans les zones de texte, la correction se fait dans un panneau annexe. Mais dès que cette interface sera disponible, c’est bien sûr ainsi que les corrections se feront. A priori, Grammalecte pour Firefox peut et doit signaler les mêmes erreurs que la version pour LibreOffice.
Peut-être l’avez-vous remarqué, mais, bien que disposant de nombreux utilisateurs francophones et d’une communauté active, Thunderbird n’a pas de canal d’information spécifique dans notre langue.
Alors que le logiciel de messagerie entre dans une phase d’incertitudes avec l’annonce récente des candidats à la reprise avec lesquels la fondation Mozilla discute. En effet, la fondation a décidé de se séparer complètement du client de messagerie basé sur Gecko et de lui trouver une nouvelle maison en coordination avec le Thunderbird Council. Ce conseil de bénévoles dirigeait le développement du logiciel depuis que Mozilla avait décidé d’en remettre la direction à la communauté. Mozilla n’assurait plus que les mises à jour de sécurité tout en apportant une aide en infrastructure. Les deux dernières versions majeures, suivant le rythme quasi annuel de Firefox ESR (édition longue durée pour les entreprises et organisations), dont la 45 qui est sortie depuis peu, ont été pilotées par le conseil. Mozilla n’a plus d’employé payé pour développer Thunderbird.
Dans un article de Wired daté du 13 mars, on peut lire (en anglais) comment Dropbox a quitté Amazon pour créer sa propre infrastructure. Au passage, on apprend qu’ils ont choisi le langage de programmation Rust, créé par Mozilla. Dropbox avait commencé par utiliser le langage Go, créé par Google, mais l’a abandonné pour Rust qui consomme moins de mémoire. Cela semble confirmer le succès de ce projet de Mozilla, initialement lancé pour produire le nouveau moteur de rendu expérimental Servo.
Commentaires fermés sur Le saviez-vous ? Dropbox est passé à Rust
Sa résistance aux injonctions du FBI dans une affaire de terrorisme a fait d’Apple le champion de la défense de l’utilisateur contre les intrusions exorbitantes du gouvernement dans sa vie privée et ses données personnelles. Même si l’on a vu de grands défenseurs des libertés de l’utilisateur et de son contrôle sur ses propres données, comme Bill Gates, prendre le parti du FBI, Mozilla a pris celui d’Apple.
Robert O’Callahan est un développeur « vedette » de Mozilla dont nous avons déjà relayé les fortes prises de position. Hier, il a appelé sur son blog à un sursaut en faveur du langage Rust comme remplacement du C/C++. Rust, langage de programmation inventé chez Mozilla, lui semble le plus adapté pour en finir avec les failles de sécurité logicielle qui se succèdent inlassablement. Nous traduisons des extraits de son article ci-dessous :
Je viens de lire l’article de Dan Kaminsky sur la faille de glibc liée au DNS, et ses implications effrayantes. Malheureusement, ce n’est qu’une des très très nombreuses failles de sécurité logicielle qui ont fait de la sécurité informatique une plaisanterie.
Ce n’est pas un secret que nous disposons de la technologie pour éviter la plupart de ces bugs. Nous avons des langages de programmation qui garantissent quasiment que certains types de bugs ne se produisent plus. Le problème, c’est que la plupart de nos logiciels n’utilisent pas ces langages. Jusqu’à récemment, la bonne excuse était que ces langages « sécurisés » ne sont pas adaptés pour faire de la programmation système (…)
C’est la question qu’on pourrait se poser quand on voit les effrayantes statistiques StatCounter de l’année 2015. Toutes plateformes confondues (PC, tablettes, téléphones), Firefox est descendu d’environ 12 % à 9% de parts de marché, pendant que Chrome est monté d’environ 42 % à 48 %. On pourrait dire qu’Internet Explorer boit la tasse comme Firefox, mais c’est une maigre consolation. Le plus inquiétant est que Firefox ne dépasse pas 1 % sur les smartphones, alors que c’est la plateforme préférée des jeunes.
Pourtant, Mozilla a beaucoup communiqué sur sa différence et le respect de la vie privée. Mais on dirait bien que l’argument ne porte pas. Les internautes, dans leur majorité, sont-ils si peu soucieux de confier leurs données à Google ?
Bien sûr, il est difficile de déchainer les passions aujourd’hui à propos d’un navigateur web comme c’était le cas il y a encore 10 ans. Le navigateur web est devenu banal, presque « invisible ».
Selon vous, qu’est-ce qui pourrait relancer l’adoption de Firefox ?
Clubic résume en français l’annonce faite hier par Mozilla. C’est un coup dur pour ce projet lancé officiellement en mars 2013. Un projet qui avait suscité de nombreux espoirs (peut-être pas assez nombreux) dans un marché déjà bien occupé par les trois énormes acteurs que sont Apple, Google et Microsoft.
Mise à jour : l’annonce officielle a été traduite en français par la communauté.
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